
Mayotte
Introduction
L’ile Mayotte ou Mahoré , dans la langue locale Shimaoré ,appartenait d’abord aux collectivités outre-mer de la France(avec les iles Wallis et Futuna, Saint Pierre and Miquelon, Saint Barthélemy, St. Martin et la Polynésie français) jusqu’au referendum de mars 2011, qui a changé son statu au département d’outre-mer. Faisant partie au début des iles Comores, elle garde jusqu’aujourd’hui son dépendance de la France, malgré leur indépendance en 1976.Jusqu’aujourd’hui les Comores continuent à revendiquer le rattachement de Mayotte. Son histoire est inséparable de celle de l’archipel des Comores dont elle fait géographiquement partie (mais pas politiquement) ou de Madagascar.
La découverte de l'île de Mayotte
Avant son premier contact avec les européens le XVI siècle, l’ile de Mayotte a été fréquentée par des navigateurs arabes pour plus de six siècles. La première référence sur l’existence de Mayotte a eu lieu le XII siècle avec la description de l’archipel d'Al Qomor par Al Idrisi, un fameux géographe de l’époque. Pendant le XV siècle, Ibn Majid, navigateur et cartographe, signale l'île de "Maouta".En janvier 1507 une flotte portugaise baptise l'île de Mayotte, l'île du Saint Esprit,
en référence à l'un des navires de l'escadre. Mayotte sera rarement fréquentée par les européennes jusqu’au XIX siècle.
L’histoire de Mayotte avant la colonisation
Le premier peuplement de l'archipel s'est produit dans la seconde moitié du premier millénaire à partir de l'Afrique bantoue (moitié sud). Entre le VIIe et le XIIe siècle, des Austronésiens, qui ont contribué au peuplement de l'île de Madagascar, sont passés par les Comores, mais ne s'y sont pas établis. Puis, au XIIe siècle, les Arabo-Shiraziens(le terme Shiraz désigne le golfe Persique), des groupes islamisés métissés (Arabes et Iraniens), accompagnés de leurs esclaves, arrivent aux Comores et introduisent la religion musulmane. Vers le XVIIIe siècle, des Arabes originaires du Yémen, se déclarant les descendants du Prophète, ont devenu alliés aussi aux familles comoriennes nobles, surtout à la Grande-Comore et à l'île d'Anjouan. C'est de cette époque que datent les documents écrits et les manuscrits en langue arabe, en swahili ou en comorien, présentés surtout en alphabet arabe. C'est également pendant le XVIe siècle qu'un grand nombre de Malgaches sakalava est établi dans le sud de Mayotte. Dès cette période, coexistent dans l'île un peuplement arabo-shirazi au nord et un peuplement sakalava au sud, tous les deux provenant de l’Afrique. C'est ce qui explique pourquoi les habitants de nombreux villages comoriens parlent encore aujourd'hui une langue malgache, notamment à Mayotte, avec le sakalava et l'antalaotsi ces langues appartiennent à la famille austronésienne. À partir du milieu du XVIIIe siècle, les quatre îles des Comores furent victimes de razzias organisées par des pirates malgaches. Ces incursions ont affaibli les îles et ont forcé les sultans locaux à rechercher la protection des grandes puissances de l'époque: la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne.
La colonisation de Mayotte
L'intervention de la France dans les Comores (et à Mayotte) commence au milieu du XIXe siècle, au moment où se déroulent des guerres incessantes entre les sultans locaux, ce qui leur valut le surnom de «îles des Sultans batailleurs». Fatigué des guerres incessantes qui ravageaient son pays, le sultan Adrian Tsouli (ou Tsi Levalou) céda Mayotte à la France en échange d'une aide militaire et d'une rente annuelle de 1000 piastres (ou 5000 francs à l'époque) et l'éducation de ses enfants à La Réunion aux frais du gouvernement français. Dans le cadre du traité du 25 avril 1841, l'île passe juridiquement sous le protectorat français. En réalité, la marine française avait besoin d'un port important dans l'entrée du canal de Mozambique et le traité de 1841, présenté comme un traité commercial, était en effet, une vente forcée. C'était pour la France une question de stratégie: il fallait occuper le plus de territoires afin d'empêcher les Anglais et les Allemands de les acquérir. Le roi Louis-Philippe a effectué cette acquisition en 1843.Pierre Passot, officier du corps d'artillerie de la Marine, prend possession de l’ile, le 13 juin 1843, qui compte à ce moment, seulement 3000 habitants. Toutefois, les rivalités franco-britanniques dans l'océan Indien ont été faites en sorte que les trois autres îles de l'archipel des Comores (Grande-Comore, Mohéli et Anjouan) demeurent plus ou moins indépendantes, bien que l'ensemble de l'archipel fût placé, cinq années plus tard, sous l'autorité du gouvernement colonial de Mayotte. L'ensemble de l'archipel (Grande-Comore, Mohéli, Anjouan), sauf Mayotte qui reste une colonie, tomba sous le protectorat français en 1886. Le protectorat dura jusqu'en 1892, alors qu'il laissa place un peu plus tard à la colonie de «Mayotte et dépendances» rattachée par la loi du 25 juillet 1912 à l'île de Madagascar. Le régime du protectorat supposait que la puissance coloniale envoyait un «résident» parlant uniquement français auprès des autorités locales et qu'il ne s'occupait en principe que de la politique extérieure. En fait, les «résidents» s'emparent progressivement du pouvoir, imposent la langue française et laissent les colons français déposséder entièrement les paysans de leurs terres, afin que ceux-ci viennent se faire employer dans les plantations coloniales.L’administration coloniale met souvent l’accent sur les possibilités d’occupation des sols, à cause de la faible population. L’ordonnance de 1845 permet une procédure d’appropriation, prévoyant la cession de terres incultes ou considérées comme telles à des planteurs pour les exploiter. Toutefois, la contrainte de laisser une part pour des cultures vivrières et d’employer des travailleurs libres, comme on a déjà vu, n’a pas été respectée.
La compagnie des Comores
Sur l’ile de Grande Terre, la compagnie des Comores, obtient la concession d’une des plus riches vallées de Mayotte pour y cultiver la canne à sucre. Nous avons l’installation des colons réunionnais, des ouvriers européens et la réintégration des Mahorais qui sont partis à cause des événements avant la vente de l’ile. De 1846 à 1886, Mayotte est une pauvre colonie sucrière. Le roseau sucré est cultivé sur la Grande Terre. En 1856, un travail forcé est établi pour compenser l'absence de main d'œuvre, et provoque la « Révolte de Bakari Koussou ». Les travailleurs des plantations en nombre insuffisant sont soumis à des conditions de travail inhumaines. Très vite, les planteurs français qui ne veulent pas perdre le bénéfice des bons sols mahorais modernisent les installations de traitement de la canne à sucre. Alors que la population de simples travailleurs de plantations s'accroît après 1860, des usines à sucres modernes sont créés à Debeney (Dembeni), Kaweni et Dzoumogné. La production annuelle de sucre atteint 1 500 tonnes et pourrait être étendue sur le quart de la superficie de l'île. Mais les années 1880 confirment le déclin de l'activité sucrière, soumise à une concurrence internationale.Toutefois, les domaines ont déjà diversifié leurs productions : ils cultivent de la cannelle, du poivre, du girofle et du café qui se développent beaucoup, à cause du climat tropical de la région. Ils vendent aussi des fibres cellulosiques : coton et sisal, tout en gérant de façon spéculative leurs réserves de bambous géants, lianes et "bois noirs". Les bois de construction sont rares car, à cause des défrichements qui ont eu lieu depuis longtemps, il y a peu de grandes forêts avec des reliquats de takamaku blanc, de bois d'ébène et de bois de natte. Il ne reste que le bois de cocotier commun. Confrontés à une baisse de leurs revenus, les domaines prennent en partie modèle sur les pratiques culturales des populations mahoraises les plus modestes qui marquent les zones habitées, par des champs de manioc environnés de bananiers et de cocotiers. La distillation traditionnelle par alambic de plantes à parfum, les incite à étendre les cultures traditionnelles de basilic, de citronnelle, de palmarosa ou commencer la culture d'ylang-ylang.
L’abolition de l’esclavage à Mayotte
L'introduction des esclaves est, dès l'occupation de Mayotte par la France, interdite par des lois prohibitives de la traite des noirs. Toutefois, de nombreux esclaves se trouvent déjà sur l'île dont les propriétaires proviennent des précédentes vagues. Déjà, au XIIe siècle, les Arabo-Shiraziens pratiquaient l'esclavage et c'est d'ailleurs avec leurs esclaves qu'ils arrivèrent aux Comores. Plus tard, les Européens allèrent chercher leur main-d’œuvre sur la côte est du continent africain, notamment chez les Africains d'origine bantoue et les Malgaches. Entre le XVIe et le XIXe siècle, comme c’était le cas un peu partout dans l'océan Indien et aux Antilles, l'archipel des Comores a devenu le centre du commerce des esclaves.Le rachat de ces esclaves, de leur liberté, est l'objet principal de l'ordonnance du roi Louis-Philippe en date du 9 décembre 1846. Le document constitue pour Mayotte le texte officiel qui proclame la liberté des esclaves et l'abolition de l'esclavage. L'ordonnance est promulguée sur l'île le 1er juillet 1847 par le commandant supérieur Passot. Après l'abolition officielle de l'esclavage, les Réunionnais déclassés qui s'y installent, introduisent le système des plantations coloniales en faisant appel à des travailleurs «engagés». En fait, les besoins de la main-d'œuvre prennent simplement la forme d'un trafic d'engagés indiens et chinois sur les plantations. Selon Pierre Passot, il y a malheureusement «dans l'ordonnance royale du 9 décembre 1846 une clause attachée à la libération du noir, et que celui-ci ne comprend pas très bien, c'est celle de l'engagement de cinq années au profit de l'Etat. Cet engagement, aux yeux de la majorité des captifs, c'est la continuation de l'esclavage ». Certains historiens affirment même que les Réunionnais blancs immigrés à Mayotte poursuivirent l'esclavage sous la forme de l'engagement. Il n'est donc pas surprenant que les Réunionnais aient pris une part active à la lutte pour que Mayotte reste française en 1974-1975.
L’histoire récente
Vers la fin du XIX siècle, la population des Mayotte s’accroit aux 12000 habitants en 1875 et aux 18000 en 1895.Toutefois pendant la veille du protectorat français sur les Comores (1886-1887) les sucreries doivent faire face à une crise sans précédent. Le cyclone de 1898, la baisse des prix du sucre, l’augmentation des charges des propriétaires, l’affaiblissement des récoltes causent le fermement des usines, la fuite des travailleurs et le vente des domaines aux autres propriétaires. Pendant les années suivantes, le pouvoir économique et commerciale des Comores s’affaiblit dramatiquement, à cause de la grande augmentation démographique et de la faillite de la Société Comores Bambao (établie en 1905), qui était en dure concurrence avec la Chine et les Indes, et cela a provoqué son fermement le 1970.
Au début du XX siècle, des bouleversements politiques s’effectuent à cause du changement de statu des Comores en colonie par l’acte du 25 juillet 1912. Cela avait comme résultat deux soulèvements, le premier de 1915 en Grande Comore et le seconde de 1940 à Anjouan. C’est pourquoi en 1946 les Comores obtiennent une autonomie administrative et la ville de Dzaoudzi a été choisie comme capitale du nouveau territoire. Ensuite, l'archipel a devenu autonome en 1946 et l'Assemblée territoriale des Comores choisit en 1958 le statut de territoire français d'outre-mer (TOM). Cependant, à Mayotte, 85 % des gens ont préféré, lors d'un référendum, le statut de département français d'outre-mer (DOM). Les Mahorais étaient mecontents contre les anciens sultans d'Anjouan et contre les Arabo-Comoriens. Dans les faits, les Comores n’étaient jamais traitées comme les autres territoires d'outre-mer, mais toujours comme une colonie. Lors de la consultation populaire du 22 décembre 1974, à Mayotte, 65% des votants refusent l’indépendance, tandis que la majorité des autres iles s’exprime en sens inverse. Le gouvernement français décide par la loi du 3 juillet 1975 que Mayotte pourra rester sous la possession française si elle le souhaite. Malgré l’indépendance des autres Comores, proclamée le 6 juillet 1975, Mayotte reste française. Elle a refusé encore une fois sa réintégration aux Comores le 8 février 1976, pour ne pas perdre des nombreux avantages accordés par la métropole. Après le référendum de 1976 où les Mahorais rappellent leur vœu de rester Français, la France attribue à Mayotte le statu de Collectivité Territoriale, qui constitue un statut hybride entre DOM et TOM, et qui lui donne une forme quasi-départementale (préfet, conseil, général, communes).
La France a hésité pendant plus de vingt-cinq ans à accorder un statut définitif à Mayotte, et ce, pour deux raisons. D'abord, parce que la départementalisation risque de coûter très cher à l'État, compte tenu du PIB qui se maintient bien en-deçà de celui de la France. Le second obstacle est d'ordre juridique dans la mesure où il apparaît fort complexe de faire entrer dans le droit commun français une société de structure musulmane. N'oublions pas, par exemple, qu'à Mayotte l'état civil est géré par des cadis, des juges de paix musulmans souvent illettrés, que la polygamie est restée une pratique courante, que la loi restreint l'héritage des femmes à la moitié de celui dévolu aux hommes, que les noms de famille sont pratiquement inexistants, que le code civil est en arabe, etc. D’autre coté l’ONU n’est pas en accord avec l’appartenance de Mayotte à la France. Le 2 décembre 1982, l'ONU adoptait une résolution en faveur du retour de Mayotte aux Comores: 110 États votèrent pour la résolution, la France vota contre (une seule voix) et 22 États s'abstinrent. Dans sa résolution du 28 novembre 1994, il rappelle et confirme l'appartenance de Mayotte à la République Islamique des Comores. Dans ces conditions, la départementalisation définitive de Mayotte était perçue probablement comme un casse-tête politique et juridique.
Depuis le début des années 2000, toutes ces structures traditionnelles sont progressivement remplacées par les administrations de droit commun. Ainsi, les cadis vont devenir de simples médiateurs entre la justice nationale et la population. L'un des principaux obstacles à la départementalisation vient du foncier. Le cadastre, qui aurait dû être achevé en 2003 n'est toujours pas établi, ainsi le gouvernement a du mal de collecter des impôts sans savoir à qui appartiennent les terres et les habitations. Au cours du XXI siècle, la Mayotte a été reconnue comme le 101er département français en 2011, d’après le plébiscite du 29 mars 2009.Ce résultat exprime l’espérance d’un développement durable et solidaire à côté de la République Française.
Sites consultés
Marie Céline et Yves Moatty, île Française depuis 1841, Site officiel du Comité Départemental du Tourisme de Mayotte, Rubrique Histoire, p1, Web 13/3/2014
http://www.mayotte-tourisme.com/decouvrir-27/histoire/64-histoire.html
Rubrique Culture et Histoire de Mayotte,malango-mayotte.fr,p1-3,date de mise en ligne : dimanche 13 Avril 2008, Web 13/3/2014
http://www.malango-mayotte.fr/index.php?chapitre=histoire&NumPage=0
Jean Martin, entretien par Ismail Mohammed Ali, "Mayotte : entretien avec le professeur Jean Martin”, études-coloniales-canalblog.com, mercredi 25 février 2009, Web 13/3/2014 http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2009/02/25/12718613.html
Mahmoud Ibrahime, Histoire de Comores-De la colonisation à l’indépendance, comores-online.com,16/11/2006, Web 16/3/2014
http://www.comores-online.com/mwezinet/histoire/habitants.htm
Mayotte, Encyclopedia Britannica, 2-26-2013, Web 13/3/2014